|
Je t'attendais ! « Comme il était encore loin, son Père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers » (Luc 15,20).Au petit matin de la fête de St Joseph, ce 19 mars 2019, le Père Abel SIAUDEAU nous a quittés pour la maison du Père. « Le bus bleu, tant attendu par lui, est venu le chercher ». Abel est né le 18 décembre 1933 au « Petit Bourg des Herbiers » : fils d'Emmanuel Siaudeau et de Thérèse Laborieux. Dès le lendemain, 19 décembre, il reçoit le baptême, il sera confirmé le 9 avril 1940 toujours au « Petit Bourg des Herbiers ». Il vivra ses études secondaires au séminaire Ste Marie, à Chavagnes de 1945-1952 (diocèse de Luçon). Puis ce sera l'école Notre-Dame à Issoudun et le noviciat à Miribel (Ain) de novembre 1952 à octobre 1954. Il prononcera ses premiers vœux le 7 octobre 1954. En 1955, il fait la philosophie au scolasticat de Fribourg en Suisse, puis la théologie au scolasticat de Strasbourg 1957-1961. Entre les deux, il vivra le service national comme parachutiste à Dakar de juin 1956 à septembre 1957. Ayant fait ses vœux perpétuels le 21 février 1960, il sera ordonné diacre le 17 décembre 1960 (par Mgr Klein MSC) et prêtre le 1er juin 1961 (par Mgr Weber, évêque de Strasbourg). Après une année de pastorale à Roubaix (1961-1962), c'est le départ en mission pour le Sénégal le 13 octobre 1962. Il sera vicaire à Kaolack (1963-1965), puis remplacera le Père Lebègue à Kaffrine (1966-1967). De 1967 à 1972 : il est à Gandiaye et Sibassor. Le 13 janvier 1969, il rentre en France pour un temps de repos de 6 mois, puis repart au Sénégal jusqu'en 1971. La fin de l'année se termine par un congé de maladie. De 1972 à 1976 : il vit un temps de recyclage et sera vicaire à Meyzieu (Rhône). Il revient à Issoudun de 1976 à 1979 où il prend en charge l'animation pastorale en rural, ce qui deviendra l'actuelle paroisse St Vincent en Champagne Berrichonne. De 1979 à 1980, il suit une formation à Abidjan à l'ICAO et à Yaoundé (Cameroun). En lien avec les Filles de N.D. du S.C. déjà présentent au Cameroun, il va jeter les bases de ce qui deviendra l'UAF (Union d'Afrique Francophone) en raison des premiers contacts qui vont s'établir. Il revient en Europe à Marseille : d'abord au Merlan (1981-1990) par la suite, avec Jérôme, en HLM dans les quartiers Nord (St Marcel), vivant une présence d'Église au cœur de la cité. En septembre 2003 : Jérôme et lui viennent résider à la maison de retraite de La Bétheline, puis le 31 janvier 2008 ils viennent habiter, avec tous les confrères aînés, à l'EHPAD « Le Hameau des Accates ». Tel est le parcours de vie de notre frère Abel. Toujours curieux de toutes choses, il aimait connaître ce qui se passait, ici et là, comment se vivait la mission. Lors de ma dernière visite à Marseille (mercredi des cendres) il me disait : « aujourd'hui, quelles sont les priorités missionnaires de notre Province MSC ». Il avait le don de conquérir les cœurs par une présence avenante. C'était sa manière de vivre la mission et de porter la joie de l'Évangile dont il se sentait un heureux messager. Il parlait souvent des siens, de sa famille, dont il portait le souci pour que chacun vive en communion et donne le meilleur de lui-même. Avec Jérôme, aux Accates, il a aidé à la mise en place de la liturgie par des feuilles de chants. Il a gardé jusqu'à la fin, autant qu'il a pu, les liens avec l'extérieur. La plupart des courriers, existants dans son dossier, adressés aux provinciaux successifs, sont au sujet de la mission. Ces derniers mois, il était en attente de LA Rencontre avec son Seigneur. Il aurait voulu qu'elle arrive plus vite. Il était prêt pour avancer jusqu'en son Eternité. Voilà qu'il rejoint Jérôme, son compagnon de mission. Qu'il repose en paix et qu'il devienne notre intercesseur pour nos confrères de l'UAF et pour nous qui sommes en Europe. Selon son souhait et celui de sa famille, il sera inhumé dans sa Vendée natale. L'enterrement aura lieu le samedi 23 mars en l'église paroissiale St Pierre des Herbiers (Vendée). Le P. Provincial y sera ainsi que les confrères des Herbiers en résidence au Landreau. (En raison des obsèques, ce samedi, de Sr Jacqueline, dominicaine de la Présentation de Tours ; vendredi 22 mars, à 11h 30, la communauté du Hameau des Accates célèbrera l'eucharistie en mémoire d'Abel, son corps étant déjà rendu aux Herbiers). Merci Abel pour ta vie donnée, qu'elle porte fruit en chacun de nous et nous invite à aller de l'avant en toute confiance. Père Daniel Auguié, Provincial MSC |
Le grand acteur Michael Lonsdale a écrit récemment :
« De toute ma vie, ce que j'ai lu de plus vrai, c'est l'Évangile. La parole de Jésus est la plus juste, celle qui suscite le plus de vie. L'Evangile est source de bonté, de générosité chez les êtres humains ».
C'est cette Parole qui a passionné Abel, qui nous passionne encore aujourd'hui, nous les chrétiens.
L'Évangile que nous venons d'entendre (les disciples d'Emmaüs, Luc 24) évoque ce que nous sommes pour Dieu et ce qu'il est pour nous...
Nous sommes en chemin... parfois dans la joie, parfois abattus comme les deux disciples... sans espérance, déçus, blasés... questionnant sur notre avenir (à-venir) ... Et voici que Dieu se fait frère comme dit Christian de Chergé, le prieur des moines de Tibhirine... Dieu se fait frère, il marche à notre pas, à notre rythme... Il nous apprend à lire la trace de ses pas en nos vies... Il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait... ce qui le révélait... il faudra tout le chemin de Jérusalem à Emmaüs pour comprendre, mieux, pour apprendre... Voici qu'à l'auberge ils le reconnurent à la fraction du pain...
Le pain des hommes devient pain de Dieu. Le chemin de nos vies n'est pas sans issue, il ouvre à l'à-venir de Dieu.
J'aime dire, lorsque quelqu'un, que nous aimons, avec qui nous avons vécu, s'en va pour son Eternité... « C'est un peu de nous, un peu de notre relation avec lui qui va éternellement près de Dieu ». Nos vies fragiles prennent, par lui, avec lui et en lui, Jésus, valeur d'éternité.
Religieux, prêtre, mais d'abord homme dans sa richesse et sa fragilité, Abel a essayé d'aimer, de servir et d'annoncer l'Évangile. Comme le font les 2000 Missionnaires du Sacré-Cœur à travers le monde. Particulièrement le P. Albert Boudaud que l'on connaît bien en Vendée et que j'ai visité en novembre dernier, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Abel, homme, religieux, prêtre, n'était ni pire, ni meilleur que nous tous ici rassemblés. Il a accepté de « se laisser agir par Dieu » comme le dit si justement une laïque, Madeleine Delbrel. Elle qui a vécu dans un milieu hostile à la foi.
C'est au fond, la sainteté de la porte d'à côté, comme l'a appelée le Pape François dans son exhortation récente.
La sainteté des gens ordinaires qui apprennent à découvrir la présence de Dieu dans le creux de leur vie. Nul n'est trop loin pour Dieu... chante un hymne du carême.
Dans la notice nécrologique écrite pour retracer la vie du Père Abel, j'ai écrit en en-tête... Je t'attendais ! « Comme il était encore loin, son Père l'aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers » Je t'attendais... c'était le grand désir d'Abel au soir de sa vie mais c'était aussi le désir de Dieu... qui, comme le Père de la parabole du fils prodigue, ouvre ses bras pour l'accueillir. Aujourd'hui, Dieu ouvre ses bras pour toi Abel.
Il a même ajouté un couvert à sa table... Désormais, comme disait le poète Jean Debruynne, nous savons que « Dieu est ton adresse » ... c'est en LUI que nous demeurons en communion.
Cette communion, à laquelle nous sommes appelés, prend source dans l'Eucharistie que tu as maintes fois célébrée en refaisant les gestes et en redisant les paroles de Jésus... ceci est mon corps livré pour vous et pour la multitude.
Église St Pierre des Herbiers le 23 mars 2019 Supérieur Provincial
P. Daniel Auguié MSC
Un jour mon épouse et moi-même avons eu la surprise d'entendre sonner à notre porte ; c'était le père Abel. Il venait savoir pourquoi nous ne venions pas plus souvent à sa messe. Nous l'avons reçu très gentiment et nous lui avons expliqué que nous avions pris l'habitude d'aller à Décines. Il nous a dit qu'il était important de servir la paroisse à laquelle nous étions rattachés et finalement il nous a convaincus de changer de paroisse.
En apprenant le décès du Père Abel, j'ai raconté ce souvenir à d’autres paroissiens de Meyzieu. Ils m'ont confirmé que c'était une pratique courante, chez le père Abel,
de sonner au domicile des habitants de Meyzieu pour les inciter à participer à la vie de la paroisse. C'est ainsi qu’une amie s'est trouvée embauchée pour faire le catéchisme, une autre pour la liturgie, et qu’un paroissien a commencé à s'occuper de l'entretien de la chapelle du Carreau et des premières salles de catéchisme qui ont été construites sur le terrain du Carreau. Depuis lors, la chapelle du Carreau et les salles de catéchisme ont été remplacées par le Centre Jean XXIII, mais ce paroissien continue fidèlement à veiller sur l’entretien du Centre.